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Cet article aurait tout aussi bien pu s’intituler « C’est arrivé près de chez vous ».
Cela s’annonçait pourtant comme une belle promenade, une des nombreuses que vous pouvez faire dans la localité. Le temps était propice, incroyablement doux, dans un milieu de journée qui allait s’annoncer comme le point culminant d’un redoux d’arrière-saison tel qu’on n’osait même plus l’espérer.
Une ballade à thème, didactique, puisque notre guide était un professionnel de la géologie.
Le but de l’activité du jour était d’examiner des affleurements de roches et de sable, mais cela eût pu être une « promenade champignons » ou une simple ballade de santé.
Cela avait débuté dans une atmosphère bon enfant, par une explication préalable dispensée dans le porche de l’église.
Un sujet très pointu : difficile évidemment de résumer quelques centaines de millions d’années en quelques explications pourtant agrémentées de force graphiques !
Puis la petite troupe avait emprunté le tout fringant Ravel pour remonter à mi-hauteur du sentier de la Roche.
Une douzaine de personnes dans ce chemin encaissé, pentu et exigu, où la progression est rendue malaisée par les pierres et une profonde ravine.
Une nouvelle halte devant la roche verdâtre puis, tout à coup, les vrombissements en arrière.
Quatre gros quads surgissent et entament la montée.
Le premier d’entre eux arrive à hauteur des promeneurs : un court échange, histoire de leur faire comprendre que nous sommes en milieu forestier et qu’ils ne sont pas les bienvenus.
Le conducteur s’énerve très vite, hurle pour qu’on lui cède le passage et devant le refus unanime, il met brutalement les gaz. Dans le vrombissement du véhicule typique de ces grands amoureux de la Nature, il passe en trombe, les piétons surpris ayant juste le temps de s’écarter et de se mettre à l’abri de part et d’autre du chemin.
Outrée, la douzaine de promeneurs se regroupe et bloque à nouveau le passage aux trois quads restants, ceux qui entendent poursuivre la montée.
Nouveaux échanges verbaux, le premier conducteur avec un enfant en bas âge tente une explication foireuse, mais la décision est prise : on téléphone illico aux Urgences. "Ils" ont compris et entament laborieusement leur manœuvre de marche arrière pour effectuer un demi-tour et disparaître finalement au bas du sentier.
La promenade reprend mais pour une très courte durée : le premier quad, celui qui avait forcé le passage, réapparaît sur la hauteur et revient rapidement devant la petite troupe.
Pas question de le laisser passer.
Le conducteur du quad s’énerve à nouveau et recommence à hurler, proférant des menaces contre un des membres, celui qui est directement devant son véhicule.
« Bouge toi ! Bouge-toi de là. Bouge-toi parce que je t’écrase ! »
Il avance et le piéton finit par tomber en arrière, immobilisé, coincé presque sous la machine : « Mon pied est en dessous »
Le conducteur du quad continue à hurler : « Je m’en fous ».
Le piéton : « Je ne sais pas : j’ai mes pieds en dessous ».
L’autre : « Dépêche-toi parce que je t’écrase. Tu ne seras pas le premier, tu ne seras pas le dernier ! »
Il se lève sur son quad et empoigne par la veste l’un des autres promeneurs, le menaçant de lui porter des coups.
Tout le monde se mobilise.
On en profite pour extraire l’infortuné piéton et devant la tournure dangereuse qu’ont pris les événements, on crie au quadeur de dégager, ce qu’il s’empresse de faire dans un grand vrombissement de son gros et viril engin couvert de boue.
Cela s’est passé par un joli dimanche ensoleillé d’arrière-saison, propice aux promenades, le 12 octobre dernier.
Dans un calme sentier de BOUSVAL.
Près de chez vous...
Texte : D VANESPEN
Paru dans le "Bousvalien" du mois de novembre 2008